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Les Toisons d'heures

"Lorsqu’avec Hélène Lamarche l’idée a surgi d’associer vêtements et mots, j’ai tout de suite dit oui.
Pourquoi ? Cela tient sûrement à mon goût fort pour les tissus, depuis les odorants et si doux vêtements de ma grand-mère arabe jusqu’aux matières que je recherche aujourd’hui pour moi. Cela tient aussi à l’amitié et à l’estime que j’ai pour la recherche d’Hélène. Il m’est arrivé déjà de travailler avec d’autres artistes. Avec Anne Slacik pour une série de ses Manuscrits peints, avec Rémi Polack et ses sculptures ( « De souffle et de bronze, nos coeurs » paru chez Bruno Doucey), avec Carol Vanni, chorégraphe pour la création de « Marthe et Marie » sur la scène nationale du Merlan à Marseille, ou avec Karine Saporta pour l’adaptation de « Laver les ombres » ( Actes sud) et d’autres encore... Avec chacune, chacun, l’aventure a été forte et j’aime les chemins nouveaux qui s’ouvrent alors pour moi.

S’est engagé avec Hélène cet étrange tissage de voix et de vêtements. Le principe était simple. Je « donnais » une phrase et Hélène s’en inspirait. Je me suis émerveillée à chaque fois de ce que les mots avaient pu initier.

Pour chacune des phrases il m’a fallu être patiente. C’était seulement dans un certain état que les phrases advenaient. Essayer avec la volonté de les « faire venir » était voué à l’échec. Il fallait qu’elles trouvent leur route dans ma vie, dans l’oeuvre aussi qui se créait en parallèle car je continuais mes propres chantiers d’écriture, bien sûr. C’est souvent à la suite de mes longues promenades solitaires au bord de l’océan qu’elles sont venues. Il fallait qu’en moi l’espace pour le vide soit bien là, étendu, paisible. Alors les mots venaient et j’étais à chaque fois étonnée car ces phrases n’appelaient aucun retravail, alors que je suis habituée à beaucoup retravailler mes textes.

Ces phrases sont liées à ma vie, souvent de façon souterraine. Cela m’est apparu après, comme toujours. Elles ont aussi été traversées par des textes que j’écrivais comme « Otages intimes » (paru en 2015 chez Actes Sud) ou « L’enfant qui » (paru en 2017 chez Actes Sud).

Quand je les relis aujourd’hui je me rends compte qu’elles forment une sorte de long poème. Un poème qui se sera confié au cours des mois, des années. Et j’en suis émue.

Comme je suis émue de toucher ces tissus brodés, cousus, par les mains d’Hélène, ces vêtements rares et singuliers que sont devenues Les Toisons d’heures."  Jeanne Benameur

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